ÉTIENNE MARCHAND

NOTES SUR LES HABITANTS DES ÎLES DE LA REINE-CHARLOTTE

Le chef indien Gannyaa, île du nord des îles de la Reine-Charlotte. (37)


Maisons Haïda, village Skidegate à Haïda Gwaii, juillet 1878 (38)

Marchand, Chenal et Roblet prennent assidûment note des détails observés sur les habitants des îles visitées. De la baie de Tchinkîtâné, ils décrivent fruits et légumes, les « chiens de bergers » à poil soyeux, et les animaux, oiseaux et poissons. Leurs notes expliquent le langage des « Naturels », leurs vêtements, ainsi que leurs tatouages et ornements corporels. Les explorateurs décrivent leurs parures cérémoniales et leurs armes, la population, la nourriture, la pêche et la cueillette. Ils font l’éloge de leur chant en chœur, de leurs canots, de la division des tâches, de l’harmonie dans les ménages, de la hiérarchie, et de la conduite modeste des femmes. Ils présentent aussi des conjectures quant à leur religion.

Au canal de Cox, ils trouvent des monuments dans une enceinte encerclée d’une palissade en bois, peut-être à vocation religieuse. Des caisses sans couvercles dans cette enceinte font office de tambour. Roblet remarque, à propos d’indigènes utilisant des flûtes à plusieurs tuyaux, la place de la musique.




Flute Haïda, Îles de la Reine-Charlotte, argilite et argent, ca. 1850 (39)


Les problèmes de communication compliquent l’interprétation des pièces observées, mais les navigateurs supposent que les grandes sculptures en forme d’animaux trouvées dans les maisons ainsi que de grands tableaux décorant ces dernières pourraient représenter des emblèmes religieux. Ils sont aussi à comprendre que la sculpture d’un homme représente un chef vénéré. Enfin, ils identifient des temples abandonnés et d’autres de construction plus récente.

Chanal et Roblet décrivent aussi divers types de maisons, y compris leur forme, leurs dimensions, leurs matériaux et leurs fonctionnalités. La porte d’entrée attire leur attention particulière, puisqu’elle imite la forme d’une bouche béante et est surmontée d’un nez crochu. Ils relèvent la présence d’une figure d’homme sculptée au-dessus d’une porte d’entrée et aussi une statue gigantesque d’homme coiffé d’un haut bonnet. Ils montrent une pièce unique dans les maisons qui sert à la fois de cuisine, de chambre à coucher, de magasin, d’atelier et de remise pour les pirogues. Ils mentionnent même les deux types de tombeaux dont ils sont témoins.

Les journaux semblent respecter, pour la plupart, les « Américains » qu’ils rencontrent, dont ils vantent la grande intelligence, la solidité des demeures et pirogues, l’originalité des décorations (leur art) et « l’avancement civilisationnel », en notant qu’ils sont déjà en train de « s’européaniser ».

 

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37  “Áwaahl, It happened a short time ago; The Boston traders, 1789-1791”. Site web Haida Gwaii History, 5 nov. 2011

38  Kennedy, Dorothy, Randy Bouchardet Trisha Gessler, et al. « Haïdas », site web L’Encyclopédie canadienne, 2010, 2018.

39  Infinity of Nations: Art and history in the collections of the National Museum of the American Indian